IL EST LIBRE, MAX
Un autre voyage commence alors pour moi. Je décide de réaliser un rêve de longue date : grimper le Pico Veleta (3 393m), plus haut col d'Europe accessible à vélo. C'est un régal et une journée forte en émotions pour moi.
S'ensuit un détour par les montagnes de Cordoue à Séville, au milieu de millions d'oliviers à perte de vue. Je prends le temps de bivouaquer, pour de vrai. En appréciant les lever et coucher du soleil. En prenant le temps de manger, de dormir, de m'arrêter dans les villages parler aux gens. Vient alors l'idée d'aller explorer le Portugal, notamment l'Algarve et les montagnes du massif de l'Estrella. C'est un délice. Chaque jour, ma décision semble avoir été là bonne, et j'ai l'impression de profiter pleinement de ces dernières semaines d'été. Je roule peu les jours où l'envie n'y est pas. Je roule longtemps les jours où je ressens le besoin de me dépenser où d'avancer. Je me laisse séduire par les routes au gré de mon avancée. J'improvise. Je découvre. En bref, je renoue avec la liberté qu'offre l'aventure à vélo, et me défais de l'impératif de la course. Après plus de 4 mois de planning et d'itinéraire imposés, je sens une sorte de légèreté en moi. Tout est permis sans devoir redoubler d'effort le lendemain pour compenser les décisions de la veille.
Je ne regrette pas pour autant ce défi et ces 2 tours et demis accomplis. J'avais un besoin de me frotter à l'ultra. Un besoin d'avoir un projet et un fil directeur, de me mettre à l'épreuve. Je suis satisfait physiquement, puisque malgré des conditions assez rudes, j'ai toujours réussi à tenir mes délais en ayant même un peu de marge. Mais je suis encore plus satisfait de cet abandon : avoir su dire non au moment où le plus difficile était pourtant fait, écouter son coeur et non son égo. Tous mes choix de vie de ces 5 dernières années allaient dans ce sens : privilégier le plaisir à l'obligation. C'eût été une infidélité à moi-même que de pousser pour réaliser ce défi en contradiction avec mes envies du moment. Rester fidèle à moi-même, une éthique de vie et une promesse que je renouvelle avec moi-même à ce moment. Un retour au vélo-aventure où la recherche du plaisir prime, une certitude que j'ai à présent pour me guider dans les mois qui viennent. La capacité à s'émerveiller dans ma pratique, car c'est pour ça que je fais du vélo.