UNE JOURNÉE DES PLUS ÉTRANGES
Alors que nous nous apprêtons à rejoindre Sparte et à remonter davantage au nord, nous prenons la vieille route depuis Kalamata. C’est, à ce jour, le col le plus difficile que nous ayons passé. La pente est rude avec des portions à 20%, des températures toujours aussi élevées et une absence d’humains considérable.
Alors que l’eau commence à manquer, Denni se fait entourer par un essaim d’abeilles. Elles lui rentrent dans les oreilles. Pourquoi ? Aucune idée, mais il tente de rester calme afin d’éviter qu’elles l’attaquent. Il nous faut passer ces ruches, mais nous commençons sérieusement à penser à faire demi-tour ! Alors que l’on s’arrête pour en discuter, nous voyons une porte. Nous sonnons, elle s’ouvre. Nous voici dans un couvent, sauvés par des sœurs qui nous offrent de l’eau citronnée et une pause à l’ombre pendant qu’elles remplissent nos gourdes. C’est reparti !
La suite du col est toujours difficile, mais la vue est magnifique et l’ambiance loin de tout nous plaît. Nous arrivons dans un petit village. Ce dernier marque la fin de l’asphalte. Nous y trouvons une église pour nous réfugier à l’ombre aux heures les plus chaudes. Il y a même un robinet avec de l’eau fraîche !
La partie gravel du col est finalement de loin la plus aisée. Nous arrivons au sommet assez tard et posons la tente à 1 670 m d’altitude. Au cœur de la nuit, des bruits de pas lourds approchent. Je pense tout de suite à un sanglier. La bête doit être grosse, elle m’a réveillée malgré mes bouchons d’oreilles. Elle est probablement à quelques centimètres, je l’entends renifler près de notre tente. Elle se met à grogner, un grognement puissant, profond, d’un animal qui est le maître des lieux. Je suis terrifiée : ce n’est ni le son d’un sanglier, ni d’un cerf, ni de rien de ce que j’ai pu entendre jusque-là. Denni dort quant à lui comme un bébé. Ok, il a le sommeil lourd, mais dans ces circonstances, il me surprend !
Le silence revient, mais mon sommeil est troublé par l’angoisse. Nous apprendrons par la suite qu’il est probable qu’il s’agisse d’un ours. Nous ne les savions pas présents dans le Péloponnèse pourtant…