ITALIE - GÉORGIE

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Voyage inattendu de Mila et Denni

Mila et Denni ont été parmi les premier à tester nos prototypes de vélos de voyage Riverside. Sur leur blog Un monde à vélo, ils partagent leurs voyages à travers la France, l'Italie, l'Europe et le monde, mais aussi des conseils et des inspirations. En 2021 ils sont repartis sur les routes, pour 6 mois. Mila nous raconte ici leur voyage.

"Voilà des années que les récits de celles et ceux qui ont roulé sur les routes de la Soie, jusqu’aux routes du Pamir et au fin fond du Kirghizistan m’ont inspirée. C’est ainsi que le rêve d’aventure à travers ces lieux dépeuplés a germé. Le départ était d’abord prévu pour le 30 mars 2020, mais il a été annulé. J’avais alors peu d’espoir de pouvoir repartir. Se libérer pour un an de vie, ce n’est pas toujours possible. Par chance, nous avons finalement pu partir en mai 2021 pour cette aventure réjouissante !"

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NOS VÉLOS


Nous testons des prototypes des vélos de voyage Riverside Touring 520 et Riverside Touring 900 depuis plusieurs années. Avec 8000 km au compteur, nous sommes partis sereins pour ce long voyage. Nous avions déjà mis nos vélos à l’épreuve et nous avions une entière confiance. Pour ma part, j’ai simplement changé la selle du RT520 par une selle Brooks et ai équipé le vélo de pneus Schwalbe Mondial Double Defense. Mon compagnon, Denni, a également préféré équiper son vélo des mêmes pneus afin de ne pas avoir à les changer en cours de route.

Nous sommes partis avec 20kg et 25kg de chargement. Un poids qui n’a cessé d’augmenter le long du voyage !

LE DÉPART VERS L'INCONNU

Dans une ambiance post-confinement et dans un contexte de frontières fermées, nous partons de la maison en commençant par une belle épreuve pour se remettre en jambe : traverser les Alpes puis les Apennins. J’ai la chance de vivre au nord de l’Italie depuis peu. Partir de mon nouveau chez moi me tenait à cœur, je le connais si peu. Ce départ est accompagné d’une sensation étrange. La retrouvaille avec nos muscles et notre liberté. Enfin !

UNE ÉPOPÉE GRECQUE

Je ne sais pas ce qui nous a poussés à descendre jusqu’au fin fond du Péloponnèse. Probablement les paysages grecs, les douches sur les plages ou les plages justement, sauvages et non bétonnées. Ça change de l’Italie ! L’île de Céphalonie et nos belles rencontres avec les locaux nous entraînent encore davantage vers le sud. Que la Grèce est belle et agréable pour voyager à vélo. Ses paysages nous coupent le souffle chaque jour.

La réalité nous rattrape brutalement. Nous sommes fin juin et les températures sont déjà caniculaires. Le thermostat affiche entre 37 et 45°C selon les jours, les nuits sont brûlantes sous la tente. Le quotidien devient rythmé, réveil à 6h, pause de 10h à 17h, nous n’avançons plus. La mer est désormais si chaude qu’elle ne nous rafraîchit pas. Nous sommes partis trop au sud, il nous reste désormais 1 500 km pour rejoindre la Turquie.

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UNE JOURNÉE DES PLUS ÉTRANGES

Alors que nous nous apprêtons à rejoindre Sparte et à remonter davantage au nord, nous prenons la vieille route depuis Kalamata. C’est, à ce jour, le col le plus difficile que nous ayons passé. La pente est rude avec des portions à 20%, des températures toujours aussi élevées et une absence d’humains considérable.

Alors que l’eau commence à manquer, Denni se fait entourer par un essaim d’abeilles. Elles lui rentrent dans les oreilles. Pourquoi ? Aucune idée, mais il tente de rester calme afin d’éviter qu’elles l’attaquent. Il nous faut passer ces ruches, mais nous commençons sérieusement à penser à faire demi-tour ! Alors que l’on s’arrête pour en discuter, nous voyons une porte. Nous sonnons, elle s’ouvre. Nous voici dans un couvent, sauvés par des sœurs qui nous offrent de l’eau citronnée et une pause à l’ombre pendant qu’elles remplissent nos gourdes. C’est reparti !

La suite du col est toujours difficile, mais la vue est magnifique et l’ambiance loin de tout nous plaît. Nous arrivons dans un petit village. Ce dernier marque la fin de l’asphalte. Nous y trouvons une église pour nous réfugier à l’ombre aux heures les plus chaudes. Il y a même un robinet avec de l’eau fraîche !

La partie gravel du col est finalement de loin la plus aisée. Nous arrivons au sommet assez tard et posons la tente à 1 670 m d’altitude. Au cœur de la nuit, des bruits de pas lourds approchent. Je pense tout de suite à un sanglier. La bête doit être grosse, elle m’a réveillée malgré mes bouchons d’oreilles. Elle est probablement à quelques centimètres, je l’entends renifler près de notre tente. Elle se met à grogner, un grognement puissant, profond, d’un animal qui est le maître des lieux. Je suis terrifiée : ce n’est ni le son d’un sanglier, ni d’un cerf, ni de rien de ce que j’ai pu entendre jusque-là. Denni dort quant à lui comme un bébé. Ok, il a le sommeil lourd, mais dans ces circonstances, il me surprend !

Le silence revient, mais mon sommeil est troublé par l’angoisse. Nous apprendrons par la suite qu’il est probable qu’il s’agisse d’un ours. Nous ne les savions pas présents dans le Péloponnèse pourtant… 

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UNE RENCONTRE PEUT TOUT FAIRE BASCULER

Nous venons de réaliser un de mes rêves. Découvrir les Météores et ses paysages bluffants, ses monastères perchés au sommet de monticules de roches. Nous voici désormais bien plus au nord du pays. Alors que nous prenons la route vers l’est, nous changeons de programme. Inutile d’aller cuire davantage en Turquie à cette époque, nous irons nous percher dans les montagnes du Caucase en prenant un ferry depuis la Bulgarie. Allons là où l’air est frais !

Pour nous rendre à Thessalonique, nous circulons sur une voie de service parallèle à l’autoroute. La route est ennuyante mais calme. Au loin, un agriculteur menace une petite bête qui se trouvait au milieu de la route avec sa voiture. Il s’élance même jusqu’à l’entrée du champ, du côté opposé de la route, en poussant son moteur. Nous ne distinguons pas bien de quel animal il s’agit, mais arrivés à son niveau, il ressort des buissons et s’élance vers nous d’un regard qui appelle à l’aide.  

C’est un petit chiot. 2 mois, 3 mois à tout casser. Impossible pour nous de le laisser là après la scène dont nous avons été témoins. Nous lui donnons de l’eau et le laissons nous suivre. Le petit peine derrière, même s’il essaie de toutes ses forces. Nous trouvons des caisses de légumes vides sur le bord de la route et les installons sur mon porte-bagages. Le chiot est stressé pendant 15 minutes puis s’endort profondément. Quelle confiance ! Le prochain refuge est à 4 jours de vélo. 4 jours où le chiot nous suit partout et nous charme. Il est facile, il est content de monter dans sa caisse de fortune, il y dort et nous réclame de nous arrêter quand il a un besoin urgent. Il nous fait craquer, c’est décidé, Ringo fera désormais partie de l’aventure.

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3 JOURS DE TRAVERSÉE

Plusieurs semaines se sont passées depuis la rencontre avec notre mascotte. Désormais équipé d’un passeport, d’une carriole et vacciné, il apprécie le voyage et semble se réjouir de son nouveau destin. De 5 kg, il est passé à près de 15 kg et change notre voyage en profondeur. Difficile de trouver un logement ou des hôtes qui l’acceptent désormais, nous favorisons le bivouac. Mais, il attise fortement la curiosité et nous permet d’échanger facilement avec les gens.

Un nouveau défi de taille est devant nous : la traversée de la mer Noire avec un chiot de 4 mois ! Mais le petit est si malin qu’il est déjà propre et comprend rapidement où il doit faire ses besoins. Il devient l’attraction du bateau, tout le monde est sous le charme.

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SPLENDIDE GÉORGIE

Nous avons gravi le Zagari Pass, non sans fierté. C’est une « montée descente » comme nous aimons les appeler. Pour atteindre les 2600 m d’altitude, il faut compter près du double en dénivelé positif.

Les paysages splendides nous donnent de l’élan. Nous nous partageons la remorque dès que possible, ce qui ne manque pas d’entraîner des remarques envers Denni lorsque je la traîne. Ça me déstabilise toujours, des femmes sont allées bien plus loin que moi avec des chiens plus gros que le nôtre et sans compagnon de route pour les aider !

Au retour de ce sommet, nous prenons un gros contre-coup. Un mois et demi de canicule, un chiot qui entre dans l’adolescence et devient moins facile, des frontières toujours closes ou uniquement accessibles par voie aérienne, nous sommes dans une impasse. Je me trouve fatiguée, Denni aussi. Nous réfléchissons sérieusement à la suite.

Nous choisissons de prendre le chemin du retour et d’éduquer davantage notre gros loulou pour que nous puissions repartir dans de meilleures conditions plus tard. Nous laissons la Géorgie derrière nous à contre-coeur et avec l’envie d’y retourner au plus vite. Nous traversons la Turquie et la Grèce en alternant vélo, bus et train. La route de la Soie, tu nous reverras !"

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